Page:Mallarmé - Les Dieux antiques.djvu/122

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bos. L’enfant fut emmailloté d’abord dans des bandelettes d’or, ce qui désigne la douce et aimable lumière du soleil nouvellement levé ; mais voici qu’il devint le Chrysaor, ou dieu à l’épée d’or, et son carquois se remplit de flèches qui ne manquent jamais leur but. Armes irrésistibles que celles-là, données à des dieux multiples : Persée, Thésée, Bellérophon, Héraclès, Philoctète, Achille, Odyssée (l’Ulysse latin), Méléagre, Sigurd, Rustem, à beaucoup d’autres, Phoïbos ou Phœbus ne resta pas longtemps à Délos : il quitta bientôt cette terre pour faire route vers l’Ouest, vers Pytho ou Delphes. Vous comprenez ? C’est parce que le soleil ne peut pas s’attarder dans l’Est quand il s’est levé. Oui, et c’est pourquoi les poètes ont dit comment Apollon alla de terre en terre, et comment il aimait les grandes falaises et tout promontoire saillant, ainsi que les fleuves qui hâtent leur course vers la vaste mer : quoique le dieu revînt avec un charme toujours nouveau à sa Délos natale, de même que le soleil reparaît de matin en matin, glorieux comme toujours, à l’Est. Plusieurs incidents marquent le voyage d’Apollon vers le Python occidental. Il vint, passant par des terres nombreuses, à la fontaine de Telphusa, où il voulut se construire une demeure ; mais Telphusa dit que sa vaste plaine ne pouvait lui donner un asile paisible, et le força à continuer son voyage vers la terre plus favorisée de Crisa. Phoïbos continua son voyage, et arrivé à Crisa, se bâtit un temple au pied du mont Parnasse ; il y tua le Python qui gardait Typhaon, l’enfant d’Héré. Quel est ce Python ? Le grand dragon ou serpent qui paraît dans toutes les légendes solaires. C’est le Vitra du conte indien, l’Échidna dans l’histoire