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Page:Mallarmé - Les Dieux antiques.djvu/13

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sant son œuvre appelée à un succès universel ? Il n’y a point de rivalités devant la science.

Impossible, même dans un travail de traduction, que la présence de l’esprit français ne se fasse remarquer. L’ordonnance toute différente des matières, avec des raccords nombreux et nécessaires, jette une véritable clarté sur l’ouvrage presque métamorphosé.

Qui comparerait avec l’original cette libre adaptation reconnaîtrait de nombreux points de divergence dans le groupement, en tête du volume, des mythes congénères, Hindous, Perses, Norses, qui ne sont point classiques, et dans la mise hors page, comme appendice, des théogonies égyptienne et assyrienne, étrangères à la race aryaque. Dieux grecs et latins sont ici juxtaposés, selon l’analogie connue.

Le volume qui, dans l’Anglais, était un questionnaire, offre maintenant un texte suivi : autre remaniement fondamental, mais qui ne va jusqu’à faire perdre au style de l’auteur toute une bonhomie exquise d’intonations et de discours.

Délivrer de leur apparence personnelle les divinités, et les rendre, comme volatilisées par une chimie intellectuelle, à leur état primitif de phénomènes naturels, couchers de soleil, aurores, etc., voilà le but de la Mythologie moderne.

Des reproductions de l’Antique ne peuvent toutefois qu’ajouter puissamment à l’attrait de l’ouvrage : elles sont même nécessaires pour fixer un instant en l’esprit