Page:Mallarmé - Les Dieux antiques.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son œuvre. Œdipe erra hors de Thèbes, misérable exilé, conduit par sa fille Antigone ; puis ses fils Étéocle et Polynice se disputèrent à qui régnerait sur Thèbes, et allumèrent une guerre civile. Se rencontrant dans la lutte, ils se tuèrent l’un l’autre. La destinée effroyable d’Œdipe touchait à son terme. Venu au bosquet des Euménides, près d’Athènes, il reçut de Zeus l’avertissement que sa mort était proche, et envoyant chercher Thésée, lui dit qu’Athènes serait grande et puissante aussi longtemps que personne ne saurait où Œdipe gisait enterré. Aussi, sous le sillon des éclairs et les grondements du tonnerre, le héros se reposa de sa peine et de ses maux, consolé jusqu’au dernier instant par le tendre amour de sa fille Antigone.

Origine de l’histoire. Tout vient de cette idée de labeurs exécutés au bénéfice d’autrui, laquelle distingue les légendes d’Héraclès, de Persée, de Thésée, de Bellérophon, et nombre d’autres ; et de phrases anciennes parlant du soleil comme s’unissant le soir à celle dont il était issu le matin. Le récit dut finir d’abord au mariage d’Œdipe avec Jocaste, juste comme dans les hymnes sanscrits Indra s’appelle le mari de l’Aurore, et quelquefois son fils : parce que l’Aurore vient avant que se lève le Soleil, Indra paraissant l’enfant de Dahana ; mais vu à son côté, il peut aussi passer pour son mari. De fait, toute la nature des dieux transparaît dans ces très-anciens poèmes. « Il n’y a pas de généalogies ou de mariages en règle entre les dieux et les déesses. Le père est quelquefois le fils, le frère est le mari, et celle qui dans un hymne est la mère, est dans l’autre la femme [1]

  1. Introduction.