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Page:Mallarmé - Les Dieux antiques.djvu/25

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qu’il est aussi appelé Lykégénès, issu de la lumière. Sa mère est Léto (Latona), qui veut dire « la nuit d’où semble surgir le soleil ». Ainsi encore Endymion, dont nous avons tout à l’heure entrevu la signification, soleil couchant, dort en Latmos, « la terre de l’oubli ». Un détail à noter, c’est que les mêmes noms, ou des noms tout semblables entre eux, appartiennent à la fois, dans ces contes, aux hommes et aux femmes. Je cite. La mère de Cadmos et d’Europe est Téléphassa, qui veut dire « celle qui brille de loin », ou simplement une autre forme du nom de Téléphos, qui est aussi enfant d’Augé, « la lumière ». Toujours de même, les noms d’Europa et d’Eurytos, d’Eurymédon, Euryanassa, Euryphassa, et nombre d’autres, désignent une lumière « répandue au large », comme celle de l’aurore quand elle s’élance par le ciel. Les incidents enfin se ressemblent entre eux aussi étroitement que les noms. Exemple : dans un très-grand nombre de légendes, maints parents, avertis que leur fils les détruira, exposent cet enfant, qui est sauvé par une bête sauvage et élevé par un berger. Les enfants grandissent toujours beaux, braves, forts et généreux ; mais, à leur insu ou contre leur volonté, ils accomplissent la prédiction faite avant leur naissance et sont les meurtriers de leurs parents. Qui ne se rappelle plusieurs contes ayant en commun ce trait ! Persée, Œdipe, Kuros (nommé à tort, en français, d’après le latin exclusivement : Cyrus), Pâris, Romulus, sont tous exposés, petits enfants ; tous sauvés de la mort et découverts à cause de la splendeur de leur physionomie et de la dignité de leur port. Ou consciemment ou inconsciemment Persée tue Acrisios, Œdipe tue Laios, Kuros égorge Astiage, Romulus tue