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Page:Mallarmé - Les Dieux antiques.djvu/273

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suggère une idée de sorcellerie et de magie. Tout cela n’explique guère l’histoire du dragon ! N’y voir en effet qu’une autre version, rapportée ici, des pierres changées en hommes dans l’histoire de Deucalion.

Détails. Ætès poursuit Argo dans sa retraite, parce que les Gorgones chassent Persée, comme on peut dire des ténèbres qu’elles chassent le soleil ; et il les laisse derrière soi quand il s’élève dans le ciel. Ces pouvoirs dispensateurs de la vie que possède Médée, s’expliquent ; car le même soleil qui cause une sécheresse mortelle, rappelle aussi les choses à la vie après l’assoupissement de la nuit et le long sommeil de l’hiver.

Aussi Médée, comme Tantale et Lycaon, est-elle capable de tuer ; et, comme Asclépios et Héraclès, de rendre les morts à la vie. Le char à dragons de Médée demeure bien le même que le char d’Indra, d’Hélios et d’Achille. Celui d’Indra est traîné par les Harits (qui dans les légendes occidentales deviennent les Grâces) ; celui d’Hélios et d’Achille, par des chevaux immortels : au char de Médée s’attellent des dragons, parce que le mot dragon signifiait « quelqu’un à la vue perçante » : et ce nom s’appliquait naturellement à des créatures que l’on supposait convoyer le soleil à travers les cieux.