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Page:Mallarmé - Les Dieux antiques.djvu/284

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amende par une humble soumission et même par le renvoi de Briséis. Agamemnon, d’autre part, ne se soumet pas immédiatement : et les désastres des Achéens émurent Patrocle au point qu’il alla vers la tente du guerrier solitaire et le supplia de le laisser, lui, Patrocle, sortir sur le char d’Achille et avec l’armure d’Achille, et vaincre les Troyens (fig. 224). L’ami écouta la prière de l’ami, mais lui donna en même temps l’ordre exprès de combattre en plaine, et de ne pas mener le char contre la ville. Patrocle n’obéit pas entièrement à cet ordre : et c’est ainsi que, après avoir tué Sarpédon, il fut lui-même accablé et tué par Hector, qui dépouilla son corps de l’armure étincelante. Achille, à la nouvelle de cette mort, s’arracha les cheveux ; et, déchirant ses vêtements, se coucha en pleurant dans la poussière. Ce que les prières et les supplications avaient été impuissantes à obtenir, lui fut arraché par sa douleur accablante et sa rage. Achille jura de se venger d’Hector, et de sacrifier douze jeunes gens troyens sur le bûcher funèbre de son ami.

Mais comment aller combattre sans son armure ? À la prière de Thétis, Héphaïstos forgea pour Achille une nouvelle armure, qui le portait comme comme l’aile porte un oiseau. Quant à sa lance et à son épée, elles étaient encore dans sa tente : car aucune main mortelle ne pouvait manier ces armes que celle d’Achille.

Thétis donna à son fils cet avertissement quand il jura d’avoir la vie de Hector : que son propre trépas suivrait de près celui d’Hector. La réponse d’Achille fut qu’il serait très-content de mourir de la mort d’Héraclès, si seulement Hector mourait avant lui. Prophétique lui-même, le cheval Xanthos, quand le héros monta sur son char et