Page:Mallarmé - Les Dieux antiques.djvu/285

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commanda à ses coursiers immortels de le ramener sauf du champ de bataille, inclina la tête, et dit à son maître que celui-ci était presque au terme de sa vie.

L’effet produit par la réapparition d’Achille fut extraordinaire. À la lueur de ses yeux et au son de sa voix, les Troyens furent remplis de crainte ; et ils tremblèrent quand les Myrmidons, ou ceux qui suivaient Achille, s’élancèrent au combat comme des loups ayant des mâchoires couleur de sang et avides de carnage.

Issue du combat : Hector, après avoir bravement lutté, tomba percé par la lance infaillible d’Achille, qui foula son corps aux pieds. Liés à son char, il traîna avec fureur ces restes à terre, jusqu’à ce que personne ne pût reconnaître dans les traits mutilés le beau visage d’Hector.

Tant de deuil n’apaisa pas encore la colère d’Achille. La mort d’Hector et le retour de Briséis, pure comme à son enlèvement, ne le satisfirent même pas. Il fallut que son vœu s’accomplît : et le sang de douze jeunes Troyens coula et rougit l’autel du sacrifice dans les jeux funéraires en l’honneur de Patrocle. Le père d’Hector, l’antique Priam, guidé par Hermès, vint à Achille ; et embrassant ses genoux, implora du héros le corps de son enfant, sur lequel Phoïbos Apollon avait étendu son bouclier d’or pour voiler toute trace douloureuse. Le cadavre fut donc rapporté à Ilion, où la femme d’Hector, Andromaque, pleura amèrement sa perte, tandis que tous les Troyens gémirent sur celui qui avait si bravement combattu pour eux.

À ce point cesse le poème appelé l’Iliade ; mais dans l’Odyssée nous apprenons qu’Achille fut tué par Pâris