Page:Mallarmé - Les Dieux antiques.djvu/286

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et Phoïbos Apollon, aux portes Scée ou occidentales ; Thétis, avec ses nymphes de mer, s’éleva de l’eau, et enveloppa de robes brillantes le corps de son fils. Après de nombreux jours révolus, les Achéens placèrent le héros sur un bûcher. On déposa ses cendres dans une urne d’or, travaillée par Héphaïstos ; et, sur cette urne enfouie, on éleva un grand tertre, que les hommes pussent voir de loin quand ils navigueraient sur le vaste Hellespont.

Entre temps, ce mot de « vaste » appliqué à l’Hellespont nous montre ceci, que l’Hellespont de l’Iliade n’est pas le détroit resserré entre Sestos et Abydos ; mais que c’est le nom d’une ample mer, apparentée sans doute à un peuple appelé Helli ou Selli, qui habitait ses rivages ou le traversa dans une migration de l’Est à l’Ouest.

Revenons au poème : la mort d’Achille ne mit pas fin à la guerre : les Achéens eurent encore à se battre jusqu’à l’accomplissement de la dixième année. Ils prirent alors Ilion et la brûlèrent, et tuèrent Priam et son peuple. Pâris lui-même, percé par les flèches empoisonnées de Philoctète, s’enfuit vers l’Ida, où, lorsqu’il expirait, Œnone lui apparut, belle et aimante comme toujours. Mais quoique cet amour pût le consoler, il ne pouvait guérir d’une blessure faite par les armes d’Héraclès. Le héros mourant donc sur l’Ida, et Œnone sur son bûcher funèbre.

Alors qu’est-ce que ce merveilleux siège de Troie ? C’est : « une répétition du siège quotidien de l’Est par les puissances solaires, à qui, chaque soir, sont volés leurs trésors les plus brillants dans l’Ouest ». Le trésor volé de l’Iliade est Hélène, dont le nom est le même que le