Page:Mallarmé - Notes sur le théâtre.djvu/38

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anormale : car ce n’est pas elle, sûr ! s’il y faut voir une âme ou bien notre idée (à savoir la divinité présente à l’esprit de l’homme) qui despotiquement me proposa : Viens.

Mais un habituel manque inconsidéré chez moi de prévoyance.

— « Ce qu’ils voulaient faire ? » ne prit-elle pas le soin de prolonger vis-à-vis d’une feinte curiosité « je ne sais pas, mais si, le voilà… » réprimant, ô la pire torture ne pouvoir que trouver très bien et pas même abominer ce au-devant de quoi l’on vint et se fourvoya ! un baîllement, qui est la suprême, presque ingénue et la plus solitaire protestation mais dont le lustre aux mille cris suspend comme un écho l’horreur radieuse et visible.

— «… Peut-être ceci. »

Elle expliqua et approuva en effet la tentative ordinaire de gens qui avec un talent indiscuté et même de la bravoure si leur inanité était consciente, remplissent mais des éléments de médiocre puisés dans leur spéciale notion du public, le trou magnifique ou l’attente qui, comme une faim, se creuse chaque soir, au moment où brille l’horizon, dans l’humanité, ainsi que l’ouverture de gueule de la Chimère méconnue et frustrée à grand soin par tout l’agencement social.

Autre chose paraît inexact et en effet que dire ? Il en est de la mentale situation comme des méandres d’un drame et son inextricabilité veut qu’en l’absence là de ce dont il n’y a pas lieu de parler, ou la Vision même, quiconque s’aventure dans un théâtre contemporain et réel soit puni du châtiment de toutes les compromissions ; si c’est un homme de goût, par son incapacité à n’applaudir. Je crois, du reste, pour peu qu’intéresse de rechercher des motifs à la placidité d’un tel personnage, ou Vous à Moi, que le tort initial a consisté à se