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Deux pigeons s’aimaient d’amour tendre


deux ou plusieurs, par paire, sur un toit, ainsi que la mer, vu en l’arceau d’une ferme thessalienne, et vivants, ce qui est, mieux que peints, dans la profondeur et d’un juste goût. L’un des amants à l’autre les montre puis soi-même, langage initial, comparaison. Tant peu à peu les allures du couple acceptent de l’influence du pigeonnier becquètements ou sursauts, pâmoisons, que se voit cet envahissement d’aérienne lascivité sur lui glisser, avec des ressemblances éperdues. Enfants, les voici oiseaux, ou le contraire, d’oiseaux enfants, selon qu’on veut comprendre l’échange dont toujours et dès lors, lui et elle, devraient exprimer le double jeu : peut-être, toute l’aventure de la différence sexuelle ! Or je cesserai de m’élever à aucune considération, que suggère le Ballet, adjuvant et le paradis de toute spiritualité, d’autant qu’après cet ingénu prélude, rien n’a lieu, sauf la perfection des exécutants, qui vaille un instant d’arrière-exercice du regard, rien… Fastidieux de mettre le doigt sur l’inanité quelconque issue d’un gracieux motif premier. Voilà la fuite du vagabond, laquelle prêtait, du moins, à cette espèce d’extatique impuissance à disparaître qui délicieusement attache