Page:Mallarmé - Pages oubliées 1867-1868 RLA.djvu/4

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vre à l’âme déchirée la lumière des alleluia, mais l’orgue de Barbarie, dans le crépuscule du souvenir, me fait désespérément rêver.

Et cependant il murmurait un air joyeusement vulgaire et qui mit la gaieté aux cœurs des faubourgs, un air suranné, banal.

D’où vient que sa ritournelle m’allait à l’âme et me faisait pleurer comme une ballade romantique ? Je la savourai lentement, et je ne lançai pas un sou par la fenêtre de peur de me déranger et de m’apercevoir que l’instrument ne chantait pas seul.

Oh ! l’orgue de Barbarie, la veille de l’automne, à cinq heures, sous les peupliers jaunis, Maria !

Stéphane Mallarmé