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L’INDE FRANÇAISE À SON ZÉNITH

d’attirer d’Auleuil sur ce point. Mais d’Auteuil était trop clairvoyant pour se laisser prendre à une ruse aussi transparente, et, quanti Mahomed-Ali voulut tenter réellement l’attaque qui, d’abord, n’avait été qu’une feinte, il découvrit que ses soldats avaient autant de répugnance pour les murs de pierre que pour les retranchements, quand les uns ou les autres étaient défendus par des Européens. En conséquence, il reprit la position qu’il avait quittée en face du camp français, et, encouragé par le capitaine Cope, il ouvrit une violente canonnade. Mais le feu des Français était si bien nourri et leuis canonniers pointaient si juste, qu’au bout de dix heures les alliés, découragés, se retirèrent, après avoir essuyé des pertes considérables en tués et blessés. Celles des Français furent peu importantes ; mais ils étaient trop peu nombreux pour se risquer à poursuivre les fuyards : ils se contentèrent de se maintenir sur leur terrain, et de se tenir prêts à profiter de la mésintelligence qui, après cet échec, éclaterait probablement entre Mahomed-Ali et ses alliés anglais.

C’est en effet ce qui eut lieu. Aussi porté à se décourager à l’excès dans l’adversité qu’à se laisser enfler par la prospérité, Mahomed-Ali ne se jugeait pas à l’abri des attaques des Français tant qu’il se trouvait dans un pays découvert. Il proposa donc de se retirer sur Arcate. Les Anglais, qui avaient en vue de couper aux Français les communications avec Pondichéry, voyant que Mahomed-Ali ne voulait plus écouter leurs conseils ni avancer d’autres fonds, s’en retournèrent au fort Saint-David. Aussitôt que Dupleix eut connaissance de ce mouvement, il fit marcher d’Auteuil sur Tiruvadi ; il lui adjoignit un corps de treize cents Européens et de deux mille cinq cents Cipayes, commandés par de la Touche, et mille chevaux sous les ordres de Chunda-Sahib. Avec ces forces réunies, il devait surprendre le corps de Mahomed-Ali. Ce nabab, avec une armée de plus de vingt mille hommes, composée surtout de cavaliers, avait pris position entre Tiruvadi et le fort Saint-David, adossé au Pounar, qui coulait derrière le camp, et attendant les instructions qu’il avait demandées à Nazir-Jung, Mais le lendemain du jour où les Anglais étaient partis, le Ier septembre, il fut attaqué par d’Auteuil. Les Français marchèrent en bon ordre, l’artillerie en tête.