Page:Malleson - Histoire des Français dans l’Inde.djvu/237

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
217
VICTOIRE DES FRANÇAIS SUR MAHOMED-ALI

la cavalerie sur les deux ailes. Dans cette disposition, cette poignée d’hommes s’avança droit à l’ennemi, ne faisant de courtes haltes que pour mettre le feu aux canons. Tant qu’ils furent à une certaine distance, les canons du nabab furent assez inoffensifs, et quand d’Auteuil, arrivé à deux cents mètres des retranchements, fit avancer son infanterie et commanda une décharge générale, le courage des Asiatiques leur fit défaut. Ils ne tentèrent pas un effort pour défendre l’entrée du camp ; les retranchements furent abandonnés aussitôt que les Français y parurent ; ceux-ci y transportèrent leurs canons, et de l’une des extrémités du camp commencèrent un feu épouvantable sur les masses entassées entre eux et la rivière.

Bien différent de Chunda-Sahib, Mahomed-Ali ne fit preuve ni de courage ni de présence d’esprit ; ici comme à Ambour, il ne pensa qu’à sa propre sûreté. Ses bommes, livrés à eux-mêmes, se conduisirent, ainsi qu’on devait s’y attendre, comme un troupeau sans berger. Les quinze mille cavaliers qui étaient dans le camp, ne firent rien pour sauver leur maître : arriver à se mettre en sûreté derrière le Pounar était la seule préoccupation de chacun des fugitifs. Non-seulement ils n’avaient jamais rêvé la victoire, mais encore une retraite en bon ordre était hors de question. Par bonheur pour eux, la rivière était guéable ; mais avant d’y arriver, ils avaient perdu au moins un millier d’hommes. En outre, ils abandonnèrent aux Français une grande quantité de munitions, d’immenses approvisionnements de grains et de fourrages, trente pièces de canon et deux mortiers anglais. Les Français ne perdirent aucun des leurs dans cet engagement ; quelques Cipayes seuls furent blessés par l’explosion d’une charrette de poudre.

Si les batailles peuvent être classées selon leurs résultats, celle-ci peut être appelée une grande victoire. Grâce à elle, les Français firent plus que de regagner l’ascendant que leur avait enlevé la désastreuse retraite de Valdaour ; et elle replaça Chunda-Sahib dans une situation qui lui permettait de faire valoir ses droits légitimes à la possession du Carnate, tandis que son rival Mahomed-Ali qui, deux mois auparavant, s’était vu le maître de cette province, à l’exception des territoires cédés aux Anglais ri aux Français, se