Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/105

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de Lameth et son état-major, M. de Pontécoulant et d’autres bons amis venus de Paris. Le maître de la maison va se coucher. Alors commence la seconde, la vraie soirée, qui se prolonge au moins jusqu’à deux heures ; l’entrain de la maîtresse de maison fait toujours paraître le temps trop court ; quel feu roulant d’anecdotes vivement contées ! Que de chansonnettes, de petits vers souvent passablement gaulois ! On met les tables de jeu bout à bout, et chacun s’installe à sa guise pour souper. On rit, on cause, on chante des couplets ; Sophie Gay en compose, et Montozon lui en inspire : originaire du Midi, son imagination l’incite à aventurer en son parler gascon des histoires peu vraisemblables, et voici la flèche qu’elle lui décoche :

    En passant par l’Estramadure,
    En franc amateur de gibier,
    On avait mis sur la voiture
    D’œufs de perdrix un plein panier.
    Mais la chaleur était horrible :
    De chacun sortait un petit.
    — Eh ! Messieurs, ce n’est pas possible !
    — C’est Montozon qui me l’a dit !

Barthélemy s’installe à un bout de table, Sophie se met à sa gauche, et un intime de la maison à sa droite. Bientôt il sent un petit pied effleurer son pied gauche ; pareille attaque se prononce sur sa droite. Il répond à ces tendres pressions. Soudain, au milieu d’un rire général provoqué par quelque saillie, il se relève brusquement en retirant sa chaise : les intéressés voient clairement qu’il était en tiers dans leur entretien. Ils se regardent, sur