Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/104

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plusieurs hommes cachés sous son manteau ; de dis tance en distance, elle jettera des bonbons, et d’une main elle portera son sceptre sur lequel sera écrit en gros caractères français et allemands : Je ne suis surpassé que par Napoléon. L’hôtel du préfet, l’hôtel de ville seront décorés de verdure et d’emblèmes analogues à la fête. Trois rosières seront mariées à des militaires blessés, etc.

Les relations de Sophie avec la reine Hortense datent probablement de son séjour à Aix. Ses grandes amies, Mme Regnault de Saint-Jean d’Angély et Mme Hainguerlot, s’y rencontrent avec la princesse Pauline. Le préfet, Alexandre de Lameth, est un vieil ami de la famille Gay. On continue à s’amuser beaucoup chez le receveur général. Des plus assidus à ces réunions, Barthélemy, jeune sous-préfet, se rappelle avec joie les heureux moments qu’il passa chez ce « fastueux ménage »[1].

Mme Gay vient de passer la trentaine. Sa physionomie vive, mobile, « pétille d’esprit » — l’expression revient sous la plume de tous ceux qui la décrivent, — mais d’un esprit plus malin que fin ; la taille belle, la figure régulière, l’air impérieux, le ton décidé, la parole prompte, la réponse vive, l’allure un peu masculine, la distinguent. Elle anime ses salons, où chacun se sent bien chez soi, mais amuse plus qu’elle n’attire. Elle ouvre sa mai son tous les soirs. On joue au whist, au quinze ou à la bouillotte. À onze heures, les personnes sérieuses se retirent : restent les intimes, Alexandre

  1. Barthélemy : Souvenirs d’un ancien préfet, 1787 à 1848, Paris, 1886, in-18, p. 38.