Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/108

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accompagner le général Leclerc à Saint-Domingue d’où par chance il est revenu sain et sauf au printemps de 1803 ; d’Alvimare et sa harpe ; Frédéric Duvernois et son cor. Du côté des femmes, Sophie Gail, Mme Récamier, l’ex-Mme Tallien devenue princesse de Chimay, Mme Pelleport, la marquise de Custine, Mme Regnault de Saint-Jean-d’Angély, Mme de Barral, et une cousine de Sophie Gay, Mme de Grécourt. Elle reçoit aussi : Mlle Contat, Mlle Mars, Mlle Duchesnois ; des musiciens comme Spontini, Méhul, et Paër avec sa grosse tête, sa verrue sur le nez, et ses gros doigts que l’on s’étonne de voir caresser les touches avec autant de précision et de délicatesse ; des chanteurs comme Della Maria, Dalayrac, Elleviou aux cheveux blonds et bouclés, et le castrat romain Girolamo Crescentini, qui triomphait en ce temps dans Romeo e Giulietta, l’opéra de Zingarelli. Alexandre Soumet, dont tout Paris récite l’élégie de la Pauvre Fille, fait la connaissance de Talma dans ce salon où se réfugie l’aristocratie ralliée, et où l’on accueille d’illustres mécontents : le duc de Laval-Montmorency, Benjamin Constant, le duc de Broglie, Chateaubriand vers la fin de l’Empire, le duc de Choiseul, Lamoignon, le duc de Léry, l’élégant comte de Forbin, Perregaux, le comte Germain. L’aimable et charmant vicomte de Ségur n’est malheureusement plus là : la mort l’a emporté en 1805. Le chevalier de Boufflers est devenu un vieillard maigre et pâle, avec deux petites ouvertures en manière d’yeux, une petite tête poudrée « à l’oiseau royal » sur un corps de taille ordinaire, habillé tant bien que mal d’un habit râpé