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qui nous entoure[1]. » Elle ne cherche pas à se mettre à la portée de son enfant : elle en élève l’esprit au niveau du sien. Ce qu’une observation intelligente du monde lui a appris, elle le condense en une phrase, en un conseil qui enferme non seulement une morale mondaine, mais encore une philosophie humaine.

D’ordinaire, elle ne semble guère occupée des choses de la politique. Pourtant, en 1811, elle se mêle à une intrigue que, par la suite, on ne débrouillera pas sans peine. Cette année-là, Cha teaubriand a vu s’élever des nuages entre l’empereur et lui : d’abord à propos de son discours à l’Académie que Napoléon corrige, puis à propos du temple de Jérusalem que Chateaubriand veut reconstruire, enfin à propos d’un ministère des Bibliothèques dont Chateaubriand demande la création à son bénéfice. La situation se tend au point qu’il se croit menacé. À ce sujet, il écrit dans ses Mémoires d’outre-tombe[2] : « Des personnes pleines de grâce, de générosité et de courage, que je ne connaissais pas, s’intéressaient à moi. Mme Lindsay, qui, lors de ma rentrée en France en 1800, m’avait ramené de Calais à Paris, parla à Mme Gay ; celle-ci s’adressa à Mme Regnault de Saint-Jean d’Angély, laquelle invita le duc de Rovigo à me laisser à l’écart. Les femmes de ce temps-là interposaient leur beauté entre la puissance et la fortune. »

Les Mémoires d’outre-tombe commencèrent à

  1. Lettre de Sophie Gay à Euphémie Liottier, 11 juillet 1909, arch. Enlart.
  2. Chateaubriand : Mémoires d’outre-tombe, édition Biré, III, 50.