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nent au courant de ce qui se passe dans les salons les plus à la mode[1].

Elle a écrit son premier roman à une époque où son mari ne jouissait pas de la situation brillante qu’il eut depuis. Elle se contente de petits vers pendant la période dorée de la recette générale, vers légers à la manière du chevalier de Boufflers ; il en paraît dans l’élégant Chansonnier dédié aux dames pour l’année 1814, un coquet petit volume orné de fines gravures d’après des dessins de Sébastien Leroy, relié en moire violette dont les ornements dorés sont du plus pur style empire, le tout dans un boîtier de même. Ceux-ci sont tout à fait typiques : des Couplets sur l’absence, que l’on chante sur l’air : « J’ai vu partout dans mes voyages » :

    Toujours on médit de l’absence,
    Moi j’en veux dire un peu de bien ;
    C’est elle qui de la constance
    Est le véritable soutien.
    Dans l’absence l’amant ignore
    S’il est trahi par ses rivaux,
    Et loin de l’objet qu’il adore,
    Il n’aperçoit plus ses défauts.

    À quinze ans Linval sut me plaire,
    Je lui jurai constant amour ;
    Linval, jaloux par caractère,
    Ne me quittait pas un seul jour ;
    Bientôt souffrant de sa présence
    L’ennui vint rompre mon serment ;
    Ah ! s’il eût fait la moindre absence,
    Il serait encor mon amant.

  1. S. Gay : Salons célèbres, p. 23.