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    Survint après le beau Ménandre,
    Perfide, indiscret et léger ;
    À tant d’attraits il faut se rendre,
    Et sans peine il sut m’engager :
    Iris lui promit sa tendresse,
    Pour ses beaux yeux il me trahit :
    J’allais en mourir de tristesse…
    Un mois d’absence me guérit.

    L’objet de ma flamme nouvelle
    Depuis longtemps est loin de moi.
    Je vais le retrouver fidèle
    Et saurai lui garder ma foi ;
    Mon cœur ému jouit d’avance
    De tous les plaisirs de l’amour,
    Puis-je médire de l’absence ?
    C’est elle qui fait le retour.

Ce n’est encore signé que « Madame Sophie G… ». Mais elle a jugé l’heure venue de reprendre sa plume de romancière ; l’année précédente, au mois d’avril, elle a publié sous les initiales S. G. un nouveau roman, Léonie de Montbreuse. Sainte-Beuve s’est arrêté à ce « roman gracieux, où il n’entre rien que de choisi, et où elle a semé de fines observations de société et de cœur ». Elle l’écrivit à l’intention de sa fille aînée Aglaé, pour l’inciter à ne pas se marier sans son aveu, et inscrivit cette dédicace sur l’exemplaire qu’elle lui donna le 20 septembre 1813, le jour même où Aglaé épousait Joseph de Canclaux :

À ma fille Aglaé.

    
    Comme un doux souvenir accepte cet ouvrage ;
    Tu sais que pour toi seule il fut imaginé ;
    Alors que du malheur nous ressentions l’outrage,
        À te distraire il était destiné.