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ne lui suffit pas ; en 1797, elle a composé deux airs pour un drame d’Alexandre Duval : en 1813, elle écrit une partition tout entière pour le théâtre Feydeau, puis cinq autres jusqu’en 1816, où elle part pour une tournée en Angleterre. Elle est l’âme des concerts qu’Isabey donne dans son hôtel, où l’on joue aussi la comédie. Il lui est arrivé une aventure dans son petit appartement de Paris : son ami le mathématicien de Prony, de l’Académie des sciences, passionné de musique, vient un soir lui rendre visite ; elle est au spectacle ; en l’attendant, il s’installe au piano, et compose une romance ; le piano est dans la chambre à coucher ; le temps passe vite ; lorsque Prony s’avise de regarder l’heure à sa montre, il constate qu’il est deux heures du matin. Distrait comme un mathématicien, il se déshabille et se couche. On entend d’ici les cris de frayeur que pousse Sophie Gail, rentrant chez elle à cette heure tardive, et apercevant un homme dans son lit[1].

À son retour d’Angleterre, elle s’associe avec la baronne Lydie Roger pour louer, rue Vivienne, un appartement mal commode, mais dont le salon, très vaste, permet de donner des concerts et des fêtes. La baronne Lydie Roger est une des cinq filles du fermier général Vassal. Lydie et sa sœur Albine ont épousé les deux frères Roger, millionnaires suisses récemment créés barons. Albine, la mère de Roger du Nord, a divorcé pour épouser Montho-

  1. Ed. et J. de Goncourt : Histoire de la société française sous le Directoire, p. 414. — Mme de Bawr : Souvenirs, Paris, 1853, in-8°, p. 304. — Fétis : Biographie universelle des musiciens, art. Gail. — Edm. Taigny : Isabey, sa vie et son œuvre, p. 43.