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Le caractère primesautier de l’enfant, son rire exubérant et franc, éclate déjà ; elle le rappelait en ces vers :

    Combien nous avons ri quand nous étions petites,
    De ce rire bien fou, de ces gaîtés subites
    Que rien n’a pu causer, que rien ne peut calmer,
    Riant pour rire, ainsi qu’on aime pour aimer.

Après la saison d’hiver, sa mère l’emmène se reposer à Villiers-sur-Orge. Ce séjour à la campagne ne suffit pas à rétablir la santé de la jeune fille. À la fin du mois d’août, elle rejoint son père, pour « prendre les eaux dans sa ville natale, écrit Sophie Gay à Euphémie Enlart. Elle est tellement grandie qu’il faut la soigner un peu. Ton ami (c’est-à-dire Sigismond Gay) est enchanté d’avoir avec lui cette petite Antigone, mais je ne la prête qu’à condition qu’il me la rendra bientôt. Elle fait de grands progrès sur le dessin et parle fort bien l’anglais, ainsi qu’Isaure[1]. »

La maison de campagne de Sophie Gay à Villiers-sur-Orge s’appelle la Maison Rouge, construction datant du règne de Louis XIII, à laquelle son appareil de briques a valu ce nom. Dans la seconde moitié du xviie siècle, elle appartenait à la famille d’Aligre. En 1775, Mme Du Barry, qui habitait non loin de là le château de Saint-Vrain près d’Arpajon, l’acheta de son ami le financier Buffault, pour y installer sa mère et son beau-père, les Ranson de

  1. Hipp. Auger ; Mémoires, dans Revue rétrospective, p. 149 (1891). — Lettre de S. Gay à Euphémie Enlart, 18 août 1827, arch. Enlart. — Lettre de S. Gay à Delphine, 5 mars 1816, arch. Détroyat. — Mme de Girardin : Œuvres (r.d. Plon), I, 139-147. Lettres parisiennes (Éd. Michel-Lévy), II, 28. — Blangini : Souvenirs, p. viii.