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avec vous ; Isaure vous apprête un café délicieux ; Delphine veut être votre copiste de musique, Hortense, votre secrétaire. Moi, je me réserve l’emploi de confidente, et Dieu sait comme nous bavarderons. »

Hippolyte Auger accuse « Sophie de la parole » d’avoir fait de son amie un moyen de séduction. Quoiqu’elle parlât beaucoup, elle ne pouvait toujours parler ; alors « Sophie de la musique » occupait l’attention sans lui porter ombrage. « La diplomatie européenne se reposait de l’une par l’autre. » Sophie Gay garde encore un grand éclat de beauté, qui ne nuit en rien à ses autres prétentions, l’esprit les primant toutes. Sophie Gail la fait valoir par contraste : la beauté lui manque, et elle se fagote mal. Elle se sauve par sa distinction naturelle, sa simplicité de langage et de manières, par la douceur de son regard ; à l’extrémité de ses grands bras, sa jolie main devient « un trait d’union entre l’instrument et les sons qui révèlent son âme ».

Les ministres des quatre cours arrivent du 20 au 25 septembre, le roi de Prusse le 26, les empereurs d’Autriche et de Russie le 28. Wellington — « on ne fit jamais un grand homme à si peu de frais » disait une dame, — les accable de revues, et leur en inflige jusqu’à neuf heures de suite. Après leur arrivée, Mme Récamier regagne Paris. Fidèle à un engagement pris alors que toutes deux visitaient la cathédrale, elle adresse à Sophie Gay une lettre dont la destinataire « se pare » à un bal « étonnant » donné par d’Alopéus, ambassadeur de Russie à Berlin. Ce sera le dernier : elle ne s’attarde pas