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lu une ligne, ni ne se rappelle sur quoi l’auteur assit sa réputation, mais la réputation subsiste ; « gros malin qui se tue à chercher l’esprit de Voltaire dans le ventre d’Épicure », dit le Rivarol de 1842. La délicatesse de son esprit, le brillant de sa conversation ne suffisent pas à expliquer ses succès au faubourg Saint-Germain, et l’on chuchote un mystère de naissance qui en fait « l’héritier indirect d’une grande dame de ce temps », ce qui est inexact. Enfin le dieu du temple, Chateaubriand. René est une des entreprises politiques de la duchesse de Duras, comme le mouvement en faveur de l’insurrection grecque : on sait ce qu’il advint de cette dernière ; quant à Chateaubriand, du jour où il tient son portefeuille de ministre, il répudie celle qui s’attendait à devenir son Égérie. Lorsqu’elle meurt, le dieu transporte son autel dans un autre temple, chez Mme Récamier[1].

La belle Juliette s’est retirée à l’Abbaye-aux-Bois. Le temps n’est plus où elle dépensait six cent mille francs par an dans son hôtel de la Chaussée d’Antin ; son mari a fait deux fois faillite. Mais jamais elle ne vit pareille élite se presser autour d’elle. Pendant

  1. A. Bardoux : la Duchesse de Duras, p. 45. — Bouchot : le Luxe français sous la Restauration, p. 119. — Mme de Boigne : Mémoires, III, 199. — Stendhal : Correspondance (1800-1842), publ. par Paupe et Chéramy, Paris, 1908, trois volumes in-8o, Lettre au baron de Mareste, II, 192. — Maréchal Marmont, duc de Raguse : Mémoires de 1792 à 1841, Paris, 1857, neuf volumes in-8o, VII, 206. — Sainte-Beuve : Portraits de femmes, p. 62. — Jal : Souvenirs d’un homme de lettres (1795-1873), Paris, 1877, in-12, p. 254. — Villemain : Souvenirs contemporains, p. 460. — Legouvé : Soixante ans de souvenirs, Paris, 1886-1887, deux volumes in-8o, II, 332. — Vicomte de Beaumont-Vassy : les Salons de Paris sous Louis-Philippe, Paris, in-18, p. 93. — Le Rivarol de 1842, Paris, 1842, in-12, p. 38.