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fils Astolphe, marquis de Custine, rappelle à Sophie Gay leur amitié d’enfance dans les dédicaces des exemplaires de ses ouvrages qu’il lui offre. Sophie Gay ne l’oubliera pas dans son testament. Elle et sa fille ont toutes raisons d’être assidues aux soirées de Mme de Custine[1].

Elles vont avec Mme O’Donnell à celles de Casimir Delavigne, qui reçoit beaucoup de monde, et s’asseoient autour de la grande table réservée aux dames, couverte d’albums, de livres, de dessins ou d’ouvrages, et que préside Mme Casimir Delavigne. Après de modestes réceptions dans un simple logis du faubourg Poissonnière, ce sont de somptueuses soirées aux Menus Plaisirs dont Germain Delavigne est directeur[2].

Chez Benjamin Constant, les soirées alternent avec les dîners. Sa femme s’inquiète peu de ses convives ; elle en a soixante, et joue deux heures de suite aux échecs. Lui se multiplie. D’une exquise urbanité, il adresse les plus exquises paroles au duc de Wurtemberg, à Alexandre de Humboldt, au général Foy, à quelque rédacteur de la Minerve, au baron Méchin, à Manuel, à Emmanuel Dupaty, à Béranger, ou à la princesse de Chimay. Sophie Gay s’amuse bien le soir où un fâcheux félicite chaude ment Béranger de sa meilleure chanson : « Voilà vos

  1. A. Bardoux : Madame de Custine, Paris, 1888, in-8°, p. 341. — H. Fleischmann : Rachel intime, Paris, 1910, in-12, p. 58. — Marquis de Custine : Voyage en Russie, ex. dédicacé appartenant à M. C. Enlart. — Testament de Sophie Gay, arch. Franchet d’Esperey : « Je lègue au marquis de Custine, en souvenir de mon amitié pour lui et sa famille, ma petite chapelle et le baguier à colonnes noires et gothiques avec leurs dépendances. »
  2. Bassanville : Salons d’autrefois III, 10.