Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/168

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vœux, voilà votre mandat ». Malheureusement, la chanson n’est pas fameuse, et Béranger n’en est pas l’auteur : il a beau s’en défendre, le fâcheux persiste à la lui attribuer.

Le 15 février 1820, on dîne : Lafayette, Béranger, Emmanuel Dupaty, le docteur Laberge, Coulmann, le maître de la maison, et Sophie Gay. Elle apporte l’écho du dernier interrogatoire de Louvel, que l’avocat général Colomb vient de lui raconter : Louvel montre un courage et un sang-froid inconcevables, il rectifie au procès-verbal les réponses dénaturées,… quand on apporte une convocation pour Lafayette et Benjamin Constant : ils doivent accompagner au château une délégation de la Chambre. Vite, Constant se met en tenue, avec ses culottes de conseiller d’État du temps de l’Empire, qu’il n’a jamais mises depuis. En hâte, on déguste une excellente poularde du Mans aux truffes, cadeau d’un électeur au général Lafayette, accablé à cette époque d’envois de ce genre. Ses amis en profitent. On mange et on parle politique. Sophie Gay s’en mêle, et la conversation tourne sur la vanité des poètes. Celle d’Étienne de Jouy, dit-elle, est bien bonne enfant. On lui dit : « Vous commencez à rimer mieux, vous vous y faites », sans le fâcher. Il est plus gai, plus fou dans la conversation que dans ses ouvrages.

— C’est, ajoute-t-elle, dans ses discussions littéraires avec son ami Charles Longchamps que sa déraison passionnée lui fournit le plus de mots comiques et d’exagérations fantasques ; et puis, quand sa colère si éloquente, si inoffensive, si divertissante en vient à provoquer les éclats de rire de