Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/25

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Elle me conta que Mme  de Girardin voulut la marier à Scribe, parvenu au comble de la réputation, et fort riche : elle le trouva trop vieux, trop laid. Elle lui préféra le jeune et beau Théodore Labarre, dont elle interprétait les œuvres, avec qui elle chantait des duos, et que souvent elle inspirait. Une fort belle lithographie de H. Grévedon nous prouve que la jeune fille avait bon goût. Labarre était aussi un familier des salons de Sophie Gay et de Mme  de Girardin. Dans un album de romances qu’en 1836 il publia, et dont il fit magnifiquement relier un exemplaire pour Sophie Gay, il inscrivit ce nom en tête de la Fille d’Otaïti, dont les paroles sont de Victor Hugo, et le nom de Delphine en tête du Naufragé, dont les paroles sont de A. Bétourné. L’une des romances de l’album, Mathilde, a pour auteur Mme  de Girardin elle-même, qui, dans son Courrier de Paris, fait à maintes reprises l’éloge du compositeur.

Il était élève de Cousineau, de Bachsa et de Naderman qui fut professeur de chant de Mme  Récamier. Harpiste de grand talent, il connut une vogue immense en France et en Angleterre, fit jouer des ballets, des drames lyriques, des opéras comiques ; parmi tant de romances sentimentales que la fraîche voix et le jeune talent de la belle Antonia Lambert faisaient valoir, sa Jeune fille aux yeux noirs et Viens dans ma nacelle firent fureur ; l’écho de leur succès retentit jusqu’à nous. Il fut directeur de l’Opéra-Comique et maître de chapelle de Napoléon III.

« Il ne la rendit pas heureuse », me disait-on.