Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/24

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sonne remplie de talent, et qui chante d’une manière inimitable. » Le mois suivant, le 3 avril, le comte Apponyi l’entend à nouveau à une représentation du fameux théâtre Castellane, qui venait de s’ouvrir, et où Sophie Gay fut longtemps une autorité. On joue Michel et Christine, et, dit Apponyi, « Mlle  Antonia Lambert nous a charmés et enchantés par sa manière ravissante de chanter et de jouer, par son air doux, sa charmante figure ».

Mme  de Girardin elle-même, dans ce roman d’une amusante fantaisie qu’elle intitula la Canne de Monsieur de Balsac, nous la montre dans tout l’éclat de sa jeunesse et de son talent. La figure de la jeune artiste apparaît singulièrement séduisante. « Savez vous à qui Clarisse ressemblait ? Connaissez-vous Mlle  Antonia Lambert, cette jeune personne dont la voix est si belle, qui chante avec inspiration, comme on voudrait dire les vers ? Eh bien ! c’est elle qui peut seule donner l’idée de Clarisse. Comme elle, Clarisse était grande et svelte ; elle avait les mêmes yeux, les mêmes cheveux blonds, le même doux sourire, le même gracieux maintien, et dans les manières, ce mélange de confiance et de modestie, que donne l’union d’une extrême jeunesse et d’un grand talent. »

On ne s’étonne pas que le vin de la flatterie l’ait quelque peu grisée, ni qu’elle éprouvât quelque amertume, sur ses vieux jours, à comparer sa situation présente au souvenir des hommages que lui rendait une foule d’adorateurs, composée de ce que la société parisienne comprenait de plus élégant, de plus brillant, de plus illustre.