Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/259

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tion aussi décidée, dont par ailleurs elle a toutes raisons d’être satisfaite.

Seul reste de son ancienne splendeur, la Maison Rouge de Villiers-sur-Orge constitue un petit domaine qui ne manque pas d’allure. Le bâtiment a belle apparence, le parc enclôt un bois dans ses murs. La distance de Paris n’est pas bien grande. L’impression sur les amis qui les visitent corrige celle qu’ils éprouvent dans les deux petites pièces de l’appartement de la rue Louis-le-Grand. À Villiers, Sophie Gay fait figure de châtelaine ; elle voisine avec les Maillé, avec Grimod de La Reynière, qui habite toujours son château de Villiers. Pichald vient passer chez elle plusieurs jours de suite, et Guiraud, et Coulmann, et bien d’autres. À Guiraud, elle écrit le 30 avril 1822 : « J’espérais que ce beau temps vous donnerait un peu l’envie de campagner et que vous viendriez nous dire de ces vers que nous aimons tant à écouter entre le bois et la prairie… Donnez-nous quelques moments, ce sera la plus douce récompense de notre amitié pour vous ». Et elle ajoute : « Que faites-vous de l’ange Victor et de ce charmant poète de l’adultère ? Tous deux m’a vaient promis une visite champêtre, mais, je le vois, l’un est trop occupé dans le ciel et l’autre sur la terre pour se déranger en notre faveur ». L’ange Victor, c’est Hugo ; le charmant poète de l’adultère, c’est Vigny[1].

Vigny a sept ans de plus que Delphine. Séduisant

  1. Delphine Gay : Essais poétiques, pièce liminaire. — Coulmann : Réminiscences, I, 336. — L. Séché : le Cénacle de la Muse française, p. 62 — Arch. Détroyat.