Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/265

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cade célèbre, celle du Velino, formée par l’ouverture d’un lac et le détournement d’une rivière ; les anciens Romains accomplirent ce travail. Le spectacle est fort beau, le site est éminemment romantique. Une amie de Sophie Gay, M" Vigée-Lebrun, fuyant la Terreur, l’admira et en parla dans ses souvenirs. Boucher de Perthes, alors simple officier de douanes, l’a décrite pour y être venu maintes fois sous l’Em pire. L’année précédente, en novembre 1825, Sten dhal s’y arrêta, et repartit « fatigué d’admiration », dit-il dans une lettre à Romain Colomb.

Les voyageuses ne se doutent pas qu’à l’auberge de Terni où elles descendent, elles dorment sous le même toit que l’illustre secrétaire d’ambassade. Arrivées le soir après lui qui rentre à Florence, elles sont le lendemain matin déjà en route pour la cascade lorsqu’il se lève. L’aubergiste lui apprend que deux dames françaises viennent de monter en voiture, et que la plus jeune est la plus célèbre improvisatrice de France. Il devine Delphine Gay. Le courrier, qu’il connait, lui confirme que tel est bien le nom de la jeune fille, et, à sa prière, saute sur son cheval pour prévenir les Françaises que Lamartine va les rejoindre.

Le poète a somptueusement décrit la scène. À l’amour près, sa rencontre avec Delphine devant la chute du Velino est aussi romantique que celle de Chateaubriand avec l’Occitanienne au bord d’un gave pyrénéen.

Il s’avance sans être aperçu. Il se donne tout le loisir de la contempler pendant qu’elle-même, appuyée à un parapet de rochers, s’enivre du mer-