Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/268

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ment amoureux malgré ses soixante ans. « Il questionne beaucoup, persuadé que dans sa position la nécessité de tout savoir donne le droit de tout demander ; mais il est paresseux et peu soucieux des affaires sérieuses. » Stendhal, moins mordant que la comtesse Potocka qui a tracé ce portrait peu flatté, se contente de trouver qu’il fait les honneurs de chez lui « avec une grâce vraiment parfaite, car elle n’embarrasse jamais ».

Le duc invite ses visiteuses à dîner. Il a quelque chose à leur remettre : une lettre de Lamartine ! Mais il ne s’en dessaisit qu’à une condition : Delphine lira les vers qu’elle pourrait contenir. Sophie Gay fait sauter le cachet. Delphine s’écrie :

— Il y a des vers !

Sans façon, elle s’empare du pli, et va le dévorer dans un coin. Elle entrecoupe sa lecture d’exclamations :

— C’est ravissant, divin ! Lui seul a le secret de cette poésie si brillante et si triste !

Émue, elle lit les vers à haute voix. Sa mère avait appris au poète la disparition des cascades de Tivoli sous un éboulement, à la suite d’une inondation terrible, et lui de composer aussitôt la Perte de l’Anio ; il n’en a encore écrit que la première partie, qu’il vient d’envoyer en ce début de septembre ; il n’enverra la seconde qu’au mois de janvier suivant. Mais dès le 16 septembre, Sophie Gay en accuse réception, et joint à sa réponse des vers de Delphine, fraîchement composés.

Au début d’octobre, les deux femmes défèrent à son invitation, et reviennent à Florence. Très bien