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Elle ne vient pas sur ces bords
Réclamer un riche partage :
Des souvenirs sont ses trésors,
Et la gloire est son héritage.
Soldats gardiens…

Elle voudrait de quelques fleurs
Parer la tombe maternelle,
Car elle est jalouse des pleurs
Que d’autres y versent pour elle.
Soldats gardiens…

Par une curieuse coïncidence, cette romance sera d’une parfaite actualité en 1831, quand la reine Hortense traversera la France.

Après un long séjour à Arenenberg, vers la fin de l’automne 1827, Delphine et sa mère reviennent en France. Les voici à Villiers-sur-Orge. La jeune fille s’y remémore les impressions de son beau voyage. Elle les fixe en un poème, le Retour, qu’elle dédie à sa sœur la comtesse O’Donnell. En ces vers la Muse de la patrie s’exalte. Elle montre les souvenirs de France ne cessant de la hanter pendant son absence ; tout est motif à les lui rappeler ; elle a vu passer en Italie l’ombre de Bayard, de Gaston de Foix, du connétable de Montmorency (sans doute pour être agréable au duc de Laval), et enfin de Bonaparte. Elle relève le fait que des archéologues français font jaillir du sol romain l’évocation du grandiose passé de la Rome antique. Elle cite Casimir Delavigne venu en Italie l’année qui précéda son propre voyage, et Lamartine et ses chants, et le baron Gérard et ses tableaux, et elle triomphe de la victoire remportée à Florence par la beauté de