Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/287

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            J’entre en train
       Quand il entre en train,
   J’entre en train quand il entre !

Le témoignage de Mirecourt est peu probant. Mais à une de ses amies qui l’interrogeait sur ce mariage, Sophie Gay répondit avec un accent extrêmement sentimental :

— Ah ! Pourquoi réveillez-vous les cruelles douleurs d’une mère ! Oui, il n’est que trop vrai, M. de Lagrange a trouvé le moyen d’arriver au cœur de ma fille par son imagination.

Puis, reprenant son ton habituel :

— Et il s’est conduit avec elle comme un cochon !

Le comte de Lagrange épousa, « au lieu de Del phine, dit Mme de Boigne, une personne rencontrée

chez Mme de Montcalm ». Vingt ans plus tard, Delphine dédicace au comte un exemplaire de sa Cléopâtre : elle a inscrit le nom, et elle a signé. On la voit solliciter pour lui une invitation au théâtre Castellane. Il lui survivra, et mourra en 1864, à quatre-vingt-un ans.

Voilà donc pourquoi, à la soirée de Mme de Chastenay, les initiés, et c’est à peu près tout le monde, se montrent aussi curieux de deviner comment Delphine supporte ce récent déboire matrimonial, que d’entendre ses vers. Elle déçoit la malignité par sa simplicité, son naturel. « Il ne parut pas qu’elle en fût autrement affectée, dit le comte d’Haussonville. Elle était simplement mise comme à son ordinaire, vêtue d’une robe blanche un peu arrangée à l’antique et dépourvue de tout ornement, non moins que sa coiffure dont l’agrément consistait surtout