Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/300

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vers de sa façon. Un soir, elle le questionne :

— Avez-vous quelques vers nouveaux à me lire ?

— Non ; je ne travaille pas depuis quelque temps.

— Cela est impardonnable.

— Eh bien, donnez-moi un sujet ; je le commencerai, si vous me promettez de le finir.

— Soit : le Rêve d’une jeune fille[1].

Il tient parole. Elle attend jusque fin décembre 1830 pour terminer le poème. On admire qu’elle ait été de force à donner la réplique à Lamartine, sans que ses vers pâlissent à côté de ceux du grand poète. La soudure ne se voit pas.

De menus faits cimentent leur amitié ; elle lui donne une levrette, baptisée Nisida ; il donne à Sophie Gay un jeune chien, Roméo, en nourrice à Saint-Point où il les invite. Il y reçoit, en décembre 1828, le nouveau recueil de poésies de Delphine : le Dernier Jour de Pompéi, poème suivi de poésies diverses. Il retrouve, à les lire, le sentiment déjà éprouvé lorsqu’il les lui entendit réciter en petit comité. Il y surprend un ton de mélancolie qui ne régnait pas dans les précédents recueils. « Seriez-vous moins heureuse ? » demande-t-il.

Il passe à Paris le mois de juin 1829. Il la voit souvent, à l’aise, dans l’intimité, avec une admiration et une sympathie croissantes non seulement pour son beau génie poétique, ce sont ses propres expressions, mais pour les mille qualités d’esprit et d’âme qui la feraient aimer même par ceux qui ne savent ni lire, ni entendre. À peine de retour à Mâcon, il

  1. Épigraphe du Rêve d’une jeune fille, dans Mme de Girardin, Œuvres, I, 303.