Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/309

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

n’ayez pas accepté de places. Vous y avez agi noblement, mais enfin vous les acceptiez.

» Villemain. — Gardez votre errata, madame, je n’en ai pas besoin. Je ne blâme pas ceux qui prennent des places. J’en ai occupé sous M. Decazes ; j’avais vingt-cinq ans, j’ai eu tort. Aujourd’hui, je ne serais ni le confident, ni l’instrument de M. Decazes, ni de personne ; mais je suis sorti pauvre de cette place, ce qui prouve que je n’en ai pas fait un mauvais usage. Vous qui veniez quelquefois au ministère, pourriez-vous vous souvenir que j’y ai rendu des services ? Il me semble que quand je refusais dernière ment les fonctions que vous me pressiez tant d’accepter, je faisais au moins preuve de désintéressement. »

« Je me lève, un peu embarrassé d’être témoin d’un pareil débat. M. Villemain me suit et me dit en descendant l’escalier :

« — Vous savez, vous qui avez fait la proposition de m’acheter une maison pour ma conduite à l’Académie, si j’ai de l’indépendance ; je n’aspire qu’à cela. J’étais las aussi de faire toujours des compliments à Mme Gay et bien aise de décharger une fois mon cœur. Son besoin de servitude me révolte. Je vais aussi au faubourg Saint-Germain, parce qu’on m’y recherche et qu’on m’y gâte ; mais y faire réciter des vers à sa fille, quand on ne daigne la recevoir que pour cela, c’est trop honteux. Il n’y a que sa situation ou le besoin qui puisse l’excuser. »

Coulmann, qui a gardé son sang-froid, met les choses au point en trois lignes : « Un des caractères des femmes-auteurs de ce temps n’était pas d’avoir la pudeur de la science, comme dit