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vise le Bal des pauvres, qui paraît aussitôt au Journal des Débats et au Moniteur. Le 25, jour mémorable entre tous, jour de la première représentation d’Hernani ! Tous les jeunes romantiques sont à leur poste : ils ont le mot de passe, « hierro », griffonné sur les billets rouges qu’ils présentent à l’entrée. Ils s’emparent de la place, et débordent les claqueurs « qui, quoique stipendiés, ont des tendances classiques ». Théophile Gautier, Gérard de Nerval, Victor Pavie commandent des groupes, et se signalent par leur fanatisme.

La salle est houleuse. Soudain, le tumulte s’apaise : Delphine Gay vient d’entrer dans sa loge : une loge donnée par Hugo. Elle se penche pour regarder la salle : une triple salve d’applaudissements crépite. Les poètes de la nouvelle école ont reconnu leur Muse, avec sa beauté royale, ses bras admirables, ses boucles blondes, la robe et l’écharpe bleue du portrait d’Hersent dont elle prend inconsciemment la pose. Elle triomphe aussi ce soir-là[1].

Le 9 juillet, une dépêche télégraphique, le canon des Invalides, et les journaux, annoncent la prise d’Alger. Le 11, à Villiers-sur-Orge, Delphine écrit son poème : la Prise d’Alger, Te Deum, que publie la presse libérale. Trois strophes visent Bourmont ; l’une rappelle qu’on l’appela transfuge, l’autre qu’il donna son honneur pour favoriser le retour du roi,

  1. H. d’Alméras : la Vie parisienne sous la Restauration, Paris, in-8°, p. 301. — Journal des Débats, 18 février 1830. — Moniteur, 19 février 1830. — Th. Gautier : Histoire du romantisme, p. 100-118 et préface des Œuvres de Mlle de Girardin, p. III. — Victor Pavie : Médaillons romantiques, p. 113. — Raoul Deberdt : Un Excitateur d’âmes, dans Revue des revues, 1899, p. 274.