Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/314

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la troisième que la victoire lui vaut son pardon, et que le sang pur de son fils lave la tache imprimée à son nom. Et les journaux libéraux annoncent qu’en manière de représailles le ministre de l’Intérieur a supprimé la pension de quinze cents francs dont jouit la Muse. Le National du 20 juillet reproduit l’information. Le 21, le Globe reproduit à son tour un écho de l’Universel, dont un rédacteur a interviewé le ministre de l’Intérieur, qui a répondu ne connaître « ni Mlle Gay, ni sa pension, ni ses vers ». Le 22, la Quotidienne se charge d’éclaircir la question. La feuille royaliste souligne d’abord qu’un événement public de quelque importance ne saurait être considéré comme accompli que si la lyre de Mlle Gay intervient : « C’est là une chose générale ment reconnue, et par Mlle Gay elle-même. » Une note cite les vers de la Vision : « Le héros me cherchant, etc. » Immanquablement, la Muse devait chanter la prise d’Alger. Or, des bruits circulent : ses vers sont peu poétiques ; elle a décoché une grossière injure au général en chef ; enfin sa pension « d’homme de lettres » lui est retirée. « Qu’on juge de l’anxiété de la France pendant ce débat ! » Aujourd’hui, tout se découvre : ce n’est pas sur les fonds de l’Intérieur, mais sur ceux de la Liste civile, que Mlle Gay « reçoit tous les ans pour huit cents francs de lauriers ». Le ministre se verrait dans l’obligation de supprimer l’allocation si elle dépendait de lui ; au lieu que la Liste civile, avec le droit de récompenser les poètes, a de plus celui de leur faire grâce. Le cas se présente d’en user… Il y aurait à la fin quelque immoralité à encourager