Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/32

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Les deux autres personnages étaient deux sous-ordres du receveur général : le premier, Marc Antoine-Camille Raffaneau, employé à la recette générale ; le second, Claude Harent, receveur particulier de l’arrondissement d’Aix-la-Chapelle. Et tous les trois se dirigeaient vers l’hôtel de ville. Ils y déclarèrent la venue au monde, la veille, 5 pluviôse, à la même heure, d’un enfant dont le sexe « a été reconnu être femelle », dit peu galamment l’acte qu’ils contresignèrent. Le père était Sigismond Gay, la mère, sa femme, née Marie-Françoise Sophie Nichault de La Valette. Leur fille recevait de sa marraine, Delphine, marquise de Custine, les prénoms de Delphine-Gabrielle[1].

Comme la rue Saint-Adalbert se trouvait sur la paroisse de l’église Notre-Dame, l’enfant fut portée sur les fonts baptismaux de la vieille basilique impériale. Le souvenir du grand empereur d’Occident y planait toujours. Une énorme pierre portant l’inscription : Carolo magno, recouvrait le caveau qui contint sa dépouille. Un grand lustre en cuivre doré, donné par l’empereur Frédéric Ier, dominait la dalle. Là était le siège de marbre sur lequel Charlemagne avait été couronné, et sur lequel on le découvrit assis, lorsque Othon III ouvrit son tombeau.

Ce qui suggéra à Sainte-Beuve ce rapprochement piquant : « Ne voyez-vous pas déjà d’ici le siècle en perspective, avec sa prétention grandiose

  1. Acte de naissance dans Manecy : Une Famille de Savoie, Aix-les-Bains, 1904, in-8° p. 60. — Testament de Sophie Gay du 20 janvier 1847. Arch. Franchet d’Esperey.