Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/33

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d’une part, et sa vocation positive de l’autre : le tombeau de Charlemagne pour décoration et fond de théâtre, et une caisse de receveur général tout à côté ?[1]».

Dans les limites du vieux palais impérial se tassaient les maisons en brique et pierre bleue de la vieille ville, la ville intérieure, toujours nantie de ses portes, de ses murailles, de ses fossés. Une autre ville, extérieure, l’entourait complètement, et tendait à se développer. Depuis une quinzaine d’années qu’avait débuté la Révolution française, Aix-la-Chapelle avait éprouvé le contre-coup des grands événements qui se déroulaient de par le monde. Bondée d’émigrés en 1793, elle vit passer la princesse de Lamballe qui se dissimulait sous le nom de comtesse d’Amboise, mais que désignaient clairement ses trois dames, la marquise de Lage, la marquise de Las Cases et Mme  de Ginestous[2]. Puis ce furent les mouvements de troupes, l’avance des armées républicaines, jusqu’au jour récent où le Premier Consul fixa la ville en qualité de chef-lieu dans le cadre administratif du département de la Roër. La mode allait en faire une station thermale réputée. Des Français, des étrangers de marque y affluèrent. La femme du receveur général dépensait royalement jusqu’au dernier centime les cent mille francs que rapportait annuellement le poste

  1. D. Stern : Mes Souvenirs, Paris, 1880, in-12, p. 308. — Sainte-Beuve : Causeries du lundi, Paris, 1852, III, p. 298. — Aix-la-Chapelle, Borcette et Spa, Manuel à l’usage des baigneurs, Aix-la-Chapelle et Leipzig, 1834, in-12.
  2. Turquan : les Femmes de l’émigration, Paris, 1912, deux volumes in-8°, I, p. 109-173.