Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/325

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tiers. Il veut alors s’engager dans un régiment de hussards : on le refuse pour faiblesse de constitution.

Le jour de sa majorité, il va trouver son père, et lui demande l’autorisation de prendre son nom. Le père refuse.

— Soit, dit-il, faites-moi un procès !

Et il signe Émile Girardin, puis Émile de Girardin. Et comme il ne tarde pas à acquérir de la réputation par son esprit, Montrond dit au général de Girardin :

— Dépêche-toi de le reconnaître, ou il ne te reconnaîtra pas !

Le marquis de La Bourdonnaye s’entremet pour lui proposer une fortune s’il veut renoncer au nom qu’il a pris ; Émile répond : « Ou le nom, ou rien » ; et le marquis ne peut s’empêcher de lui donner son estime.

Ce père qui se refuse, Lamartine le définit l’excentricité transcendante, et ajoute : « Celui qui n’a pas connu le père ne peut comprendre le fils ». Émile, décidé à sortir de l’ornière, travaille jour et nuit. Il vit en anachorète dans une petite chambre, au rez-de-chaussée, 28 avenue des Champs-Élysées. Il fréquente assidûment le cabinet de lecture de Mme Désauges, au Palais-Royal. Il y rencontre Lautour-Mézeray, qu’il connut en Normandie, et s’y lie avec H. de Latouche, Alexis Dumesnil, Alphonse Rabbe, Eugène de Monglave, Maurice Alhoy. Ses nouveaux amis l’encouragent à écrire. Il jette ses rancœurs sur le papier. Au début de l’année 1828, il publie chez le libraire Désauges un petit volume :