Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/326

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Émile, fragmens. Dès la couverture, l’épigraphe, tirée de Delille, indique la tendance du livre :

    Malheureux le mortel, en naissant isolé,
    Que le doux nom de fils n’a jamais consolé !

La préface porte une signature auguste : le vicomte de Chateaubriand ; bien que courte et un peu froide, c’est déjà un coup de maître que d’entrer dans la littérature avec un tel parrain. L’auteur s’adresse à une Mathilde idéale : elle a les yeux bleus : il ne nous en dit pas davantage. Il lui conte sa vie. Imprégné de Rousseau, influencé par Xavier de Maistre, Sterne, La Fontaine, il laisse percer sa prédilection pour Lamartine. On relève dans ce premier écrit des pensées directrices : « J’ai fait du malheur de ma naissance l’étude de toute ma vie ». Il met dans le mariage toutes ses espérances de bonheur : « Cette proscription qui désole mon existence ne cessera entièrement que lorsque j’aurai des enfants ; je le sens, j’ai besoin de recevoir le nom de père pour oublier que le nom de fils ne me fut jamais donné ». Une étrange fatalité s’acharnera à détruire cet espoir : Émile de Girardin aura un fils illégitime que sa première femme, qui ne lui a pas donné d’enfant, adoptera ; et après avoir eu de la seconde une fille, Marie-Clotilde, qui meurt du croup, à peine âgée de six ans, dans les bras de l’impératrice Eugénie à Biarritz (7 octobre 1865), il lui intentera et gagnera une action en désaveu de paternité pour le fils qu’elle mettra au monde par la suite.

Dans Émile, il envisage aussi quelques-unes des