Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/47

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plus importants de la société du Directoire. Son mari connaît Fonfrède, riche financier de Bordeaux. Mme Fonfrède donne un grand dîner en l’honneur de la reine du Directoire, l’ex-Mme de Fontenay, mariée depuis peu à Tallien ; Sophie Liottier y est conviée. Lorsqu’elle fait son entrée, elle voit Mme Tallien assise à côté de Mme Bonaparte. Elle a connu dans son enfance le belle Thérésia, mais n’ose le lui rappeler. Thérésia la surprend agréable ment en l’abordant avec sa grâce habituelle, et en lui proposant sa protection pour ceux des siens que la Révolution a étrillés. Elle la présente à Mme Bonaparte, qui se laisse encore appeler Mme Beauharnais avec une certaine complaisance. Parmi les autres convives, la pétulante Mme Hamelin parle de l’ancien régime avec le vicomte de Ségur, de chevaux avec Ouvrard, et de danse avec Trénitz.

Il ne manque plus que le général Bonaparte. Sa femme supplie qu’on ne l’attende pas.

— Il est sans doute retenu au Directoire pour affaire importante, et il serait désolé de vous faire manger un dîner réchauffé.

On lui obéit. Peu après, l’entrée du général ne produit pas plus d’effet que son absence. Il adresse quelques mots d’excuse à Mme Fonfrède qui ne répond pas ; Fonfrède lui envoie un petit salut de la main, et Mme Tallien un sourire. Seule, Mme Hamelin, l’esprit toujours sur le qui-vive, lui lance d’un bout de la table à l’autre :

— On voit assez que l’on ne se bat pas ici, général, car vous vous y faites bien attendre.

Il ne peut s’empêcher de sourire. Personne ne