Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/48

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s’en occupe plus. À un coin de table, la conversation s’engage sur la nouvelle coiffure à cheveux courts de Mme Tallien. Mme Tallien a des amis et, sinon des ennemis, au moins des malveillants. Parmi les premiers figure ce Valmaléta qui lui dédie une poésie dans le Journal de Paris et déclare :

    Doit-on être surpris si tout le monde l’aime ?
     Tout le monde lui doit la vie et le bonheur.

Les seconds l’appellent l’Aspasie moderne, ou la sœur du Pot de la Révolution, parce qu’elle en soigna les malades.

— C’est dommage qu’une aussi belle femme soit à moitié chauve, dit un malveillant.

— Vous ignorez donc l’emploi qu’elle a fait de ses longs cheveux ? riposte Mme Hamelin. Vous lui devez probablement votre tête. Si, nattés en cordon les uns au bout des autres et pouvant ainsi passer par les barreaux d’une prison, ils n’avaient servi à transmettre à Tallien les lettres par lesquelles Mme de Fontenay lui demandait notre délivrance, Dieu sait ce que nous serions aujourd’hui ! Quant à moi, l’idée de ce que nous lui devons me fait trouver cette coiffure ravissante, et je prédis qu’avant un mois elle sera celle de toutes nos jolies femmes.

La mode de la Titus lui donnera raison. Assis à côté de Sophie Liottier, l’ex-marquis de Livry a observé attentivement Bonaparte, et dit à sa voisine :

— Ce jeune homme est pourtant amoureux de cette femme qui a six ans de plus que lui, ce qui,