Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/60

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Gay d’assister chez sa voisine à la lecture du Mérite des femmes, de Legouvé. Le lendemain, un billet « ayant toute la grâce d’une conversation spirituelle » confirme la démarche de l’ambassadeur.

Sophie Gay, émue en entrant pour la première fois dans le salon d’une actrice, se rassure vite. Ni son état, ni l’embonpoint de la quarantaine n’enlèvent rien aux manières distinguées, à la politesse affectueuse de la maîtresse de la maison. Sur un canapé, voici la marquise de Jaucourt et Mme Desprez, sur un autre Mme de Soulès, femme du receveur général de Rouen, et la célèbre Mme Lebrun, que la postérité connaît sous le nom de Vigée-Lebrun. Près d’elles M" de Beaufort et Legouvé, et la jeune et ravissante beauté de Mlle Mars. Côté des hommes, le comte Louis de Narbonne, qui aima d’amour Mlle Contat et l’aime aujourd’hui d’amitié ; le marquis de Jaucourt, le vicomte de Ségur, le marquis de Girardin, le marquis de Gontaut-Saint-Blancar, MM. Vigée, Desprez, de Parny, maints auteurs joués par Mlle Contat. Ils discutent les innovations littéraires et dramatiques du jour ; Sophie Gay voit juste en y discernant le début du romantisme, le berceau de la poésie romantique et du drame historique. En 1837, elle écrit : « Nous n’avons que la caducité du romantisme ».

Le vicomte de Ségur vient s’asseoir auprès d’elle. Il lui nomme les personnes qu’elle ne connaît pas, non sans parsemer la nomenclature des pointes de sa verve caustique.

Voici Colin d’Harleville, un petit vieux aux yeux baissés, à l’attitude modeste, toujours blotti dans