Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

reuse par l’apparence même de cette vertu, que celle qui ne mettrait aucune pudeur dans sa conduite. On l’accuse, dis-tu, d’un peu de galanterie : tu n’ignores pas que sur ce point on amplifie toujours ; et quant à ce qui regarde la petite querelle de ménage qu’on veut absolument qu’elle ait excitée entre un grand seigneur et sa femme, sais-tu ce qui l’a amenée ? » Il est difficile de désigner plus clairement Mme de Genlis. « Elle qui, dans tous ses ouvrages interdit à une jeune femme la permission de parler d’aucune passion ! Qui les croit déshonorées quand elles ont fait imprimer une romance, et qui appelle athées toutes celles qui osent douter d’un seul miracle ! J’avoue qu’elle est moins scrupuleuse pour les femmes de son âge : elle leur permet d’écrire, mais seulement sur l’éducation ; l’amour maternel est l’unique amour dont elles doivent parler. Il est vrai qu’à cet âge il est possible d’avoir oublié tous les autres ; et, si je t’en crois, Mme de Gercourt s’est privée par cette loi du plaisir de se retracer un grand nombre de souvenirs. » Et encore : « L’affectation qu’elle met à parler vertu, prouve qu’elle la regarde comme une chose presque surnaturelle, et ce n’est pas ainsi que la vertu paraît aux gens habitués à la pratiquer[1]. » Sûrement, quelque propos de Mme de Genlis a piqué au vif Sophie Gay, qui riposte point par point.

Mme de Genlis n’a pas de peine à se reconnaître. L’article du vicomte de Ségur dans le Journal des Débats, et celui du Journal de Paris, l’émeuvent.

  1. Sophie Gay : Laure d’Estell, p. 68, 83, 89, 112.