Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/78

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édition de Laure d’Estell. Quand nous avons passé ce traité, nous ne nous attendions, ni vous, ni moi, à certaines observations de Mme de Gercourt, insérées dans le Journal de Paris, feuille 9, sous le nom de Verax le Bourru ; malgré tout le succès de votre ouvrage, j’ai peur que cet article, beaucoup plus Bourru que Verax, n’en arrête le débit. Au reste, madame, je tiendrais encore ma première parole, si vous pouviez corriger le caractère de Mme de G… ; mais comme l’entreprise serait trop difficile, je vous engagerai plutôt à le retrancher absolument. Souvenez-vous du Tartuffe de Molière, et pensez que s’il y a des présidents, il pourrait bien aussi y avoir des présidentes qui ne veulent pas qu’on les joue. J’ai l’honneur d’être avec respect votre très humble serviteur. Près regardant, libraire, quai des Lunettes. »

Cette fois, le coup est direct. Mme de G…, ouvertement démasquée, se sent touchée à fond. Le surlendemain, nouvelle lettre au Journal de Paris, adressée « au citoyen Près regardant, libraire, sur le quai des Lunettes. — En vérité, mon cher confrère, ce n’est pas la peine de demeurer sur le quai des Lunettes, et d’y regarder de si près, pour y voir aussi mal. Vous imprimez un roman médiocre ; on en fait un grand éloge, le livre se vend, le public murmure, les lecteurs grondent, les autres romanciers souvent molestés, tonnent, Verax le Bourru éclate. Le roman est jugé, délaissé ; c’est encore là un tout petit événement. Mais voici la faute, et en mon âme et conscience, je vous déclare coupable. Il se trouvait dans ce roman un assez méchant portrait