Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/85

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À Liège, elle a soin d’abandonner sa voiture et de prendre un cheval. L’empereur ne vient jamais dans ce pays, et le corps des Ponts et Chaussées ne juge à propos d’entretenir que les routes par où il passe. Celle de Liège à Aix-la-Chapelle va de fondrières en précipices. Les voyageurs y laissent les débris de leurs voitures. Sophie Gay en a déjà cassé deux ; elle se résout à ne plus faire le trajet qu’à cheval. Comme on ne peut imposer à l’impératrice le même mode de locomotion, Crété, directeur des Ponts et Chaussées, donne l’ordre de boucher les trous avec du sable. Les Aixois estiment la réparation insuffisante, et déblaient ce sable de la route au moment précis où M. le Directeur va la suivre pour se rendre auprès de l’impératrice… et ce haut personnage, d’un embonpoint extrême, verse comme un simple particulier[1].

Mu par des motifs politiques, l’empereur achète pour l’impératrice et sa cour la maison de M. Jacobi, président du collège électoral. Petite et mal com mode, il la paie quatre fois sa valeur. Pfiffer, maître d’hôtel contrôleur de Sa Majesté, s’en rend vite compte, lors de son inspection préliminaire, le dimanche 22 juillet. Il la réserve aux dames du palais, et le préfet Méchin dispose son hôtel pour recevoir la souveraine. En dépit des inconvénients de cette maison, Joséphine, aveuglément soumise aux ordres de l’empereur, décide d’y descendre quand même.

  1. Arch. nat., Fic, III, Roër, 4. — Moniteur, an XII, p. 1413, 1429, 1438, 1460, 1482, 1491, 1522, 1548, 1556 ; an XIII, p. 70. — Sophie Gay : Salons célèbres, p. 255 et suiv.