Page:Malot - Cara, 1878.djvu/132

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— Oh ! oh ! l’amateur de province, je n’ai pas confiance, dit Lozès ; ils sont toc en province. Enfin, voyons, chantez-moi ce que vous voudrez.

Elle proposa l’air du Freyschutz : puisqu’elle avait réussi auprès de Maraval, Lozès ne serait pas plus difficile sans doute.

Mais Lozès refusa :

— Le style, c’est moi qui vous l’enseignerai ; ce que je veux juger pour le moment, c’est votre voix ; savez-vous le Brindisi de la Traviata ?

— Oui, Monsieur.

— Eh bien ! allez-y alors : je vous écoute.

Et de fait il l’écouta attentivement, le coude appuyé sur le bras de son fauteurl et le menton posé dans sa main.

— Quand voulez-vous commencer ? demanda-t-il aussitôt qu’elle se tut.

— Vous m’acceptez ?

— À bras ouverts ; retenez bien ce que vous dit Lozès, vous serez une grande artiste.

— Ah ! monsieur !

— Si vous travaillez et si vous suivez mes leçons, bien entendu ; parce que, vous savez, la nature sans l’art cela ne signifie rien.

— Oui, monsieur, je travaillerai autant que vous voudrez ; je vous promets que vous n’aurez jamais eu d’élève plus attentive, plus appliquée.

— S’il en est ainsi, je vous donne ma parole qu’avant dix-huit mois vous serez en état de débuter, et, comme débute une élève de Lozès, d’une façon splendide ; ces ânes du Conservatoire verront un peu ce que je sais faire d’une élève qui est douée.