Page:Malot - Cara, 1878.djvu/133

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Le moment était venu pour Madeleine d’expliquer sa situation, et les dispositions dans lesquelles elle voyait Lozès lui donnaient du courage et de l’espoir.

Mais il ne la laissa pas aller jusqu’au bout.

— Ah ! non, ma petite, dit-il d’un ton brusque, je ne fais pas de ces arrangements-là : je n’ai pas le temps ; et puis pour vous, croyez-moi, c’est une mauvaise affaire ; il vaut mieux vous gêner et payer vos leçons comptant ; je vous en donnerai une par jour ; c’est cinq cents francs par mois qu’il vous faut ; votre famille est ruinée me disiez-vous, eh bien, une belle fille comme vous ne doit pas être embarrassée pour trouver cinq cents francs par mois.

Bien que Madeleine se fût promis de tout entendre sans broncher, elle ne put pas ne pas se cacher le visage entre ses deux mains : la honte l’étouffait.

Puis elle fit quelques pas pour se retirer, désespérée.

Il ne bougea pas de son fauteurl ; mais comme elle s’éloignait lentement, parce que ses yeux troublés la guidaient mal, il la rappela tout à coup.

— Voyons, ne vous en allez pas comme ça ; et tout d’abord croyez bien que je suis fâché de ne pas vous donner des leçons ; je sens qu’on peut faire quelque chose avec vous : aussi je veux vous aider. Cela vous coûtera peut-être cher, très-cher même.

— Jamais trop cher, je suis prête à tous les sacrifices.

— Ce que je ne peux pas faire pour vous, un autre peut-être le fera. Si nous étions en Italie, poursuivit Lozès, rien ne serait plus facile. Il y a là des gens toujours disposés à se faire les entrepreneurs d’un jeune