Page:Malot - Cara, 1878.djvu/162

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nés à l’adresse et à la souplesse, il fallait en arracher d’autres plus nerveux à l’émotion et à l’effroi : remontés sur leurs trapèzes, ils essuyaient l’un et l’autre leurs mains mouillées par la sueur.

Otto était assis sur un trapèze suspendu à la moitié de la hauteur du cirque à peu près, Zabette l’était sur un qui se trouvait presque dans les combles ; il devait s’élancer de là, et, le saisissant par les deux mains, Otto devait, semblait-il, le prendre au passage et l’arrêter dans sa chute.

Otto s’était suspendu à son trapèze par les pieds ; Zabette, après s’être balancé un moment lâcha son trapèze, et on le vit, lancé dans l’espace comme un projectile, se rapprocher d’Otto ; l’émotion avait suspendu le souffle des spectateurs.

Mais, au lieu de le saisir par les deux mains, Otto ne l’attrapa au vol que par une seule ; l’impulsion qu’il reçut n’étant plus également partagée lui fit glisser les pieds, ils se desserrèrent, et dans une sorte de tourbillon qu’on vit mal les deux gymnastes tombèrent sur le filet ; soit que celui-ci eût été trop fortement tendu, soit tout autre cause, il fit ressort et, renvoyant Zabette comme une balle, il le jeta dans l’arène.

Tous deux restèrent étendus, Otto sur le filet, Zabette dans le coin de l’arène.

Une clameur, un immense est d’épouvante s’était échappé de toutes les poitrines, et beaucoup de spectateurs, ou plus justement de spectatrices s’étaient détournés pour ne pas voir cette chute ou s’étaient caché la tête entre leurs mains.

Se rejetant brusquement en arrière, Cara s’était renversée sur une des jambes de Léon, et elle restait là