Page:Malot - Cara, 1878.djvu/163

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sans mouvement. Il se pencha vers elle, mais elle ne bougea pas.

Au milieu du désordre et de la confusion, personne ne pouvait faire attention à l’étrange situation de cette femme à demi évanouie ; on allait, on venait, on criait. Otto s’était relevé et avait glissé à bas du filet, mais Zabette avait été emporté évanoui ou mort : on ne savait.

Cara se releva lentement, les yeux égarés, le visage pâle, les lèvres tremblantes.

— Vous êtes souffrante ? dit Léon.

— Oui, je ne me sens pas bien.

— Voulez-vous sortir ? demanda Léon.

— Il faut prendre l’air, dit Henri Clergeau.

Léon descendit près d’elle et, la soutenant par le bras, ils se dirigèrent vers la sortie. Dans l’escalier, elle s’appuya sur lui, comme si de nouveau elle allait défaillir. Il la porta plutôt qu’il ne la conduisit dehors.

Ils la firent asseoir sur une chaise, à l’abri d’un massif d’arbustes ; cependant l’air frais de la nuit ne la ranima pas.

La chute de ces malheureux m’a brisée, dit-elle d’une voix dolente, mais ce ne sera rien ; je vous remercie de vos soins, je ne veux pas vous accaparer ainsi : je vous serais reconnaissante seulement d’appeler une voiture pour que je me fasse conduire chez moi.

Ce fut Henri Clergeau qui se mit à la recherche de cette voiture, et pendant ce temps Léon resta près de Cara : l’effort qu’elle avait fait en parlant paraissait l’avoir épuisée, elle se tenait à demi renversée dans sa chaise, respirant péniblement.